Incendie de Notre-Dame – Des tonnes de plomb parties en fumée – Eviter une catastrophe sanitaire

Avant même la reconstruction l’urgence est d’organiser le suivi médical des personnes déjà contaminées, et d’éviter une catastrophe sanitaire consécutive à cet incendie, analogue à celle du World Trade Center

Communiqué de presse
30 avril 2019

Dès les premiers jours ayant suivi l’incendie, l’association des Familles Victimes du Saturnisme (AFVS) a lancé l’alerte pour que l’information concernant la contamination par les poussières de plomb soit largement diffusée, en particulier aux intervenants (pompiers, ouvriers chargés de la mise en sécurité, personnels de la cathédrale, commerçants et riverains) et que les précautions soit prises pour prévenir les conséquences d’une contamination extensive http://www.afvs.net/incendie-de-notre-dame-lafvs-alerte-surles-risques-lies-au-plomb/. Alors que, le 29 avril 2019, un bref communiqué émanant de la préfecture prend acte de la pollution au plomb due à l’incendie (soit 2 semaines plus tard), l’AFVS renouvelle et approfondit son alerte (voir communiqué en pièce jointe).

Considérant la situation comme très grave au regard des personnes déjà touchées par la contamination, l’association Henri Pézerat s’associe à l’alerte lancée par l’AFVS. Une comparaison s’impose. Lors des incendies du World Trade Center à New York en septembre 2001, les autorités sanitaires américaines n’avaient pas non plus jugé utile de lancer l’alerte sur les risques de contamination par l’amiante, le plomb et les substances chimiques toxiques qui se sont alors répandus sur le site et bien au delà. Les conséquences en ont été catastrophiques, en particulier pour les pompiers, les travailleurs impliqués dans la déconstruction, ou ceux dont l’activité se situaient dans le périmètre contaminé. Un livre poignant écrit par Jaqueline Maurette, journaliste, sous le titre évocateur « Les sacrifiés du World Trade Center » (Ed. Jean-Claude Gawsewitch, 2007) donne accès aux témoignages des victimes tout en montrant l’importance d’un suivi médical dans la durée. Des études récentes, notamment celles des chercheurs de l’hôpital Mont-Sinaï à New York, continuent de montrer la persistance des problèmes de santé physique et mentale vécus par les intervenants et les bénévoles du 11 septembre 2001. Parmi les problèmes rencontrés par les intervenants, mentionnons : les problèmes des voies respiratoires supérieures et inférieures et les problèmes gastro-intestinaux, les troubles musculo-squelettiques, les problèmes de santé mentale, ainsi que divers types de cancer. Ces études ont renforcé le fait déjà admis, de la nécessité de soins médicaux continus et d’un suivi à long terme https://www.mountsinai.org/patient-care/service-areas/occupationalhealth/world-trade-center-health-program .

Nous demandons qu’un suivi médical cohérent et gratuit soit organisé pour les pompiers, tous les travailleurs et intervenants, ainsi que pour les enfants et les femmes enceintes qui ont pu respirer la fumée toxique, au moment de l’incendie et après. Nous ne pouvons accepter qu’il ait fallu plusieurs alertes associatives avant que les autorités sanitaires réagissent. Mais il ne suffit pas de renvoyer chacun à son médecin traitant, car nombre des médecins n’ont reçu aucune formation concernant ce type de risque sanitaire. A l’évidence, toute intervention sur le site doit être menée dans les conditions d’un chantier contaminé par le plomb et un suivi médical continu et gratuit des travailleurs concernés doit être organisé. Nous demandons qu’une structure publique dédiée au suivi médical des personnes exposées soit créée à Paris. Cette structure pilote, dédiée dans un premier temps aux victimes de l’incendie de Notre Dame, devrait pouvoir faire école en région et permettre enfin l’accès au droit au suivi post-exposition et postprofessionnel, inscrit dans la loi française pour les personnes victimes d’exposition à des substances toxiques.

Contact : Annie Thébaud-Mony 06 76 41 83 46 ; https://www.asso-henri-pezerat.org