Jean-Marie Birbes

La vie nous conduit à rencontrer des personnes exceptionnelles, ce fut mon cas quand au début des années 1990, avec mes camarades militants syndicaux nous nous interrogions sur la pertinence de continuer à utiliser l’amiante dans ce pays.

C’est à cette occasion que j’ai pu rencontrer Henri dans le bureau d’Annie à l’INSERM, j’étais avec mon camarade Marcel Leguen et nous étions intimidés d’aller à sa rencontre, immédiatement nous nous sommes sentis bien, en confiance. Avec toutes ses connaissances, il avait le don de se mettre à la portée des gens et de s’adresser à nous simplement, humainement et avec droiture. Convainquant, il prenait le temps d’expliquer le pourquoi de ses recherches et ses qualités humaines extraordinaires lui permettaient d’aborder avec nous des situations complexes comme l’affaire qui nous préoccupait.

Il avait initié le combat pour l’interdiction de l’amiante depuis le début des années 70 jusqu’à son aboutissement en 1996, il a aussi mené bien d’autres luttes : car Henri était aussi un combattant infatigable pour lutter contre les agressions que subissent les travailleurs avec l’utilisation de produits dangereux, cancérogène et autre pour leur santé.

Il était la bête noire des grands patrons des multinationales, ceux d’Eternit le décrivaient comme un trotskiste au chapeau fumant des cigarettes et venant semer la panique dans leurs réunions. Dernièrement encore il avait fait un travail remarquable sur les expositions au plomb et au baryum que subissent les salariés d’une usine Alphacan de Gaillac. J’avais pris contact avec lui pour lui expliquer l’évolution des maladies professionnelles et le nombre de cancers dans cette usine. Immédiatement oubliant ses soucis de santé comme toujours il s’était mis au travail, avait préparé un dossier et, avait pris contact avec les représentants du personnel qui gardent le souvenir d’un homme profondément humain et chaleureux.

Merci Henri, nous pourrions le répéter un millier de fois, cela ne suffirait pas à dire l’homme que tu es, car il est évident pour moi que tu n’es pas parti, ce n’était pas dans ton habitude. Tu restes pour tout ceux qui t’on croisé dans leur vie un être généreux, accueillant à l’écoute. Tu savais réconforter les militants et leur donner des conseils judicieux. Tu étais un veilleur, et nous avons eu beaucoup de chance de cheminer un petit peu avec toi. Les graines que tu as semé continueront de pousser. Nous avons besoin aujourd’hui que des centaines d’Henri se lèvent pour rendre meilleur le monde dans lequel nous vivons et vivrons nos enfants. Voila le véritable chemin que nous devons tous rechercher suivant nos possibilités. Nous continuerons la lutte.

Que notre présence et notre amitié sincère puissent être un réconfort pour Annie et toute la famille d’Henri.