Dominique Burdin et le syndicat CGT Alphacan Gaillac

A vous tous qui souffrez du départ d’Henri,

Je ne sais comment réconforter une famille triste de perdre un des leur avec des mots mais je voudrais simplement vous dire comment j’ai connu Henri et comment j’ai pu l’apprécier. Non, on ne s’est pas connu en face à face, mais par courrier, par e-mail, par téléphone. Je ne connais même pas son visage, et je le regrette. C’est Jean Marie Birbes, mon voisin qui m’avait parlé d’Henri ainsi que d’ Annie, ce qu’ils faisaient ensemble, comment ils l’aidaient dans sa lutte pour la défense des victimes de l’amiante et comment ils pouvaient peut être nous aider, nous qui enterrons nos anciens salariés mourant prématurément du cancer. La CGT Alphacan , dont je suis le délégué, avait de sérieux doutes sur la dangerosité de nos produits qui sont et furent utilisés jadis. Mais comment prouver ? Alors j’ai contacté Henri, je ne savais pas trop qui j’allais trouver, quand on connaît pas, on se méfie mais je faisais quand même confiance à mon voisin et ami Jean Marie. Henri a tout de suite compris ce qu’on voulait, ce qu’on recherchait, il me fit parvenir un courrier pour m’expliquer comment s’y prendre pour obtenir des preuves, monter un dossier sur les éventuels malades, bref, comment faire. Puis ce fut des e-mails et Henri me proposa de faire un rapport d’expertise bénévolement pour nous aider à lutter, à la condition qu’il soit diffusé à tous les autres syndicats du groupe, ce que j’ai fait. J’ai tout de suite aimé le côté rebelle et dénonciateur d’injustice de Henri, il est comme moi me suis je dit avec fierté. J’en avais des frissons. Je me suis dis : « c’est pas possible, il en existe encore ». Je n’y croyais qu’a moitié. Puis Henri s’est acharné à me demander plein de renseignements, j’avais un peu peur mais tant pis, je voulais aller plus loin et risquer. Henri l’a bien compris . Il m’a aidé. Il nous a fait un rapport formidable sur les dangers d’utilisation de nos produits en plasturgie et m’a donné des conseils pour agir en CHSCT. Puis il m’a envoyé des documents, des liens internet, ça a aiguisé ma curiosité. J’ai cherché, et j’ai compris beaucoup de choses que j’avais du mal à cerner sur la chimie d’aujourd’hui mais aussi sur l’alimentaire, les risques dont se foutent les industriels avides de profit. Henri ma informé, Henri m’a laissé le choix et Henri m’a formé et m’a donné plus qu’envie de me battre. Henri, non par des polémiques mais par sa science et ses connaissances, m’a fait comprendre des choses, de vilaines choses, mais de réelles choses que des individus sans scrupules pratiquent. Et aujourd’hui je me dis : « on aurait du se connaître avant Henri ». Dans son dernier mail, il me disait qu’il faisait un livre et m’avait soumis pour examen le chapitre qu’il consacrait pour Gaillac. Là encore, il pensait à nous. Je garderai le souvenir de cet homme que j’ai peu connu mais qui à mes yeux fut un grand humaniste au service des hommes, victimes des productions criminelles capitalistes.

Si Dieu existe et qu’il est effectivement bon, je sais que tu es à ses côtés mon ami Henri. Qu’il te garde et te protège.

A vous tous, la famille d’Henri, sachez que je suis très triste et que je vous suis dans la douleur, certes pas avec la même intensité familiale, mais avec tout mon cœur.

Amicalement,

Dominique BURDIN et le syndicat CGT Alphacan Gaillac.